Merci cher Ahmad ! Mesdames et Messieurs, je suis très heureux de revenir au Koweït un peu moins de deux ans après ma dernière visite qui était intervenue en juillet 2020. Je reviens dans un contexte mémoriel particulier puisque nous célébrons, Ahmad l’a rappelé tout à l’heure, cette année les soixante ans d’amitié et de relations diplomatiques entre nos deux pays et c’est déjà une belle histoire. Je me félicite des excellents échanges que j’ai pu avoir ce matin avec son altesse le Prince héritier et de l’excellente relation que j’entretiens depuis déjà plusieurs mois avec mon ami Ahmad, ministre des Affaires étrangères.
Ensemble, avec lui, nous avons réaffirmé notre volonté de continuer à agir en coordination étroite au service de la paix et de la sécurité de la région et plus particulièrement aujourd’hui dans le contexte de la guerre en Ukraine, dont les conséquences se font sentir en Europe mais également dans toute la région Afrique du nord – Moyen-Orient, et dont les conséquences affectent les équilibres mondiaux.
La France est déterminée à se coordonner avec ses partenaires et amis dans la région du Golfe sur tous ces sujets et sur toutes ces conséquences et j’ai fait part de notre mobilisation à poursuivre nos efforts en soutien à l’Ukraine et à faire en sorte que nous exercions la pression maximale sur la Russie, et je souhaite que nous puissions avoir aussi au niveau international une réponse coordonnée pour limiter les conséquences de ce conflit, notamment en matière de sécurité alimentaire et aussi en matière de diversification des approvisionnements énergétiques de l’Europe. C’est un sujet que nous avons longuement évoqué.
J’ai tenu aussi et je tiens aussi à remercier chaleureusement mes interlocuteurs pour la solidarité du Koweït vis-à-vis de la population ukrainienne et pour le soutien des autorités koweitiennes aux initiatives que nous portons en faveur d’une solution diplomatique au conflit. Je veux aussi remercier les autorités koweitiennes et mon collègue Ahmad sur les positions très claires du Koweït, notamment aux Nations unies.
J’ai également pu faire part à mes interlocuteurs de l’urgence qu’il y avait à conclure l’accord sur le retour au JCPOA. Nous sommes normalement proches d’un accord, depuis un mois un texte est sur la table, qui a, à ma connaissance, le soutien de tous. Les points qui restent à régler entre Téhéran et Washington ne sont pas secondaires mais ils ne sont pas parties intégrantes du JCPOA et je suis préoccupé car le temps presse et il y a une urgence critique à pouvoir conclure et nous sommes sur ce point aussi tout à fait en convergence.
Nous avons aussi salué ensemble notre attachement à la stabilité et la sécurité régionale et je salue aussi ici devant vous la tradition médiatrice du Koweït. Cette tradition est un outil précieux et apprécié de tous et c’est en particulier le cas dans la région et nous avons redit ensemble, mais tu viens de le dire, notre volonté commune de trouver des solutions pour permettre au Liban de sortir de la crise dans laquelle le pays est plongé.
Le rétablissement de la situation passe avant tout par la mise en place, par les autorités libanaises, des réformes nécessaires pour répondre aux besoins de la population libanaise et pour leur part, la France et le Koweït se sont pleinement mobilisées pour continuer à porter un soutien direct à la population libanaise régulièrement depuis la catastrophe du 4 août 2020.
Je voudrais aussi redire que sur la question palestinienne, nous avons une convergence de vue sur le maintien des fondamentaux garantis par le droit international, le conseil de sécurité et de vigilance pour maintenir cette ligne des deux Etats avec des frontières reconnues et une sécurité respectée de part et d’autre. C’est notre ligne et c’est notre ligne commune.
Je me réjouis aussi de l’excellente relation bilatérale entre la France et le Koweït. Je me réjouis des échanges fructueux qui ont pu avoir lieu en janvier dernier à Paris lors de la première édition de l’outil que nous avons mis en place pour renforcer nos relations, le « dialogue stratégique » se tient désormais au niveau ministériel, et qui été l’occasion d’affirmer notre ambition commune de renforcer la relation bilatérale dans les secteurs clefs que sont les secteurs culturels, éducatifs, économiques et l’ensemble des questions de sécurité et de défense. Nous avons un panorama d’activités, d’échanges et d’actions en commun qui est très important et nous allons poursuivre dans un instant mais j’ai redit à mon collègue la disponibilité de la France, des entreprises françaises, pour répondre aux volontés d’investissement du Koweït et la réciprocité qu’elle entraine, l’accueil favorable que nous avons, dans le cadre particulier au Fonds d’investissement koweïtien pour toutes les actions qu’il peut entreprendre en France et en Europe et nous avons une collaboration culturelle extrêmement significative qui nous importe de poursuivre. Je sais que le Koweït aime la France et je peux assurer aussi mon collègue des Affaires étrangères, mon cher Ahmad, de la réciprocité, que la France aime le Koweït et que ma présence ici le traduit.
Question :
Au cours de votre visite d’aujourd’hui, avez-vous discuté avec les responsables koweïtiens de la possibilité d’augmenter la production de pétrole, et quelle a été votre réponse ? Qu’en est-il de l’accord sur le nucléaire iranien ? Prévoyez-vous que la communauté internationale parvienne bientôt à un accord sur le dossier nucléaire iranien ?
Réponse :
Sur la question pétrolière, d’abord la responsabilité de la maîtrise de la production appartient à l’OPEP+. Je n’ai pas, moi, à m’immiscer dans la responsabilité de cette institution qui est composée d’Etats souverains. C’est aux différents membres d’apprécier la situation du marché, puisque l’on constate que c’est d’une part une augmentation très significative des prix due à la fois à la spéculation, aux craintes liées à la situation en Ukraine, des phénomènes d’anticipation négatives d’une certaine manière. Ce que nous constatons aussi, ça je le redis avec beaucoup de force, c’est que par ailleurs l’Union européenne est décidée à réduire sa dépendance en énergie fossile à l’égard de la Russie, dans un délai le plus probable prochain. C’est ce qui a été décidé dans le calendrier que j’intitule « Calendrier de Versailles », à Versailles, un sommet européen s’était tenu à ce moment-là. Cela se fera sur un calendrier qui va être proposé dans les semaines qui viennent. A partir de là, l’intérêt de tous c’est que les prix soient stables et donc c’est aussi en réalité l’intérêt des pays producteurs. Parce que des prix en trop forte expansion et en dérive par le haut entraîneraient inévitablement une récession mondiale que personne ne souhaite et à commencer par les pays producteurs.
Sur la question iranienne, je crois avoir dit dans mon propos introductif ce que je pensais : il y a un texte sur la table. Ce texte est le fruit d’une détermination, en particulier des européens, parce qu’au moment où les Etats-Unis ont quitté l’accord de Vienne, nous avons tenu le « mur de la maison » d’une certaine manière. Et là maintenant, au moment où ils reviennent et où finalement la discussion a pu avoir lieu, nous sommes sur la base d’un texte qui convient à tout le monde. Il reste un élément de blocage qui appartient à la responsabilité commune des Etats-Unis et des iraniens. Je souhaite vraiment qu’ils puissent lever ce blocage, qu’ils ne questionnent plus la rédaction du texte qui est autre et si le blocage était levé, alors il y aurait un accord sans difficulté que l’on pourrait signer très rapidement. Je crois que c’est l’intérêt de tout le monde, c’est l’intérêt des iraniens, c’est l’intérêt des Etats-Unis, c’est l’intérêt de la région, c’est l’intérêt de la stabilité de l’ensemble de cette région, c’est aussi l’intérêt de la paix dans le monde.